Florence Roublot, Directrice du salon Natexpo Lyon 2024
Natexpo, le salon international des produits biologiques ouvre ses portes à Lyon les 23 et 24 septembre. Florence Roublot sa Directrice nous en révèle les enjeux majeurs.
FRANCE PIZZA. Quel bilan tirez-vous des précédentes éditions de Natexpo ?
FLORENCE ROUBLOT. Sur l’édition de Paris 2021, on était encore un peu dans le Covid et il y avait encore un peu de restrictions de circulation. 2023, c’était pas mal et on a atteint un niveau international avec 1/4 du salon porté par les internationaux. C’était une vraie fierté ! Des contacts qualitatifs, des gens qui recherchent des choses… Après, la particularité c’est qu’on était dans une période un peu chahutée, compliquée pour le secteur de la BIO. Forcément ça a un peu impacté le salon. Parce qu’un salon de filière, quand la filière est malmenée ou au contraire portée aux nues, on ressent tout immédiatement.
FRANCE PIZZA. Il y a eu un élan en faveur de la filière Bio qui a été freiné par la pandémie. Aujourd’hui, le Bio se porte-t-il bien ?
FLORENCE ROUBLOT. La fBio a eu une croissance à 2 chiffres depuis les années 2000. Je ne sais pas s’il y a beaucoup de secteurs qui connaissent une croissance aussi forte sur autant d’années ! Ça allait très bien et la grande distribution s’était positionnée dessus. Il y a eu beaucoup d’investissements de faits, des sociétés qui travaillaient en conventionnel aussi bien sur l’alimentaire que la cosmétique ou les compléments alimentaires qui se sont mises à développer des gammes Bio parce qu’il y avait un réel intérêt. Le Covid a mis en fait un mouchoir et caché un peu la réalité de ce qui était en train de se passer. C’est-à-dire qu’on était à une période où on commençait à sentir les prémices, où de nouveaux labels apparaissaient et des produits sans pesticides, des produits sans et toujours de nouveaux labels, ce qui a un peu créé la confusion dans l’esprit des consommateurs et du coup a commencé à faire décliner le Bio. Le Covid est arrivé par là, on a eu besoin de se recentrer, besoin de valeurs, on a connu des pénuries de produits ce qui a recréé une croissance artificielle à la Bio. Et dès qu’on est sorti du Covid, boum !, le couperet a été plus que sévère. C’est-à-dire que ce qui commençait à se tramer s’est arrêté, gonflé artificiellement et là on est retombé. Depuis fin 2021, c’était compliqué. Là, ça va.
« Cette croissance à 2 chiffres incroyable, folle, plaisante et bonne n’était-elle pas qu’un plafond de verre ? »
FRANCE PIZZA. Ça va, au point de redevenir optimiste et de rouvrir les boutiques qui ont disparu ?
FLORENCE ROUBLOT. On n’est pas retombé sur des chiffres identiques aux croissances qu’on a pu connaître mais les fermetures de magasins Bio à tour de bras, les fermetures de magasins de vrac s’arrêtent. On va retomber dans un rythme qui est plus positif, les consommateurs reviennent mais tous les dé-référencements qu’il y a pu y avoir sans la grande distribution n’ont pas encore disparu. Ils ne se sont pas mis à re-référencer beaucoup comme ça a pu l’être à l’époque. On ressort la tête de l’eau mais on peut aussi se poser la question: toute cette croissance à 2 chiffres qu’on a connue qui était incroyable, folle, plaisante et bonne n’était-elle pas qu’un plafond de verre qui a été atteint et qui ne reviendra pas ? On ne sait pas.
FRANCE PIZZA. Combien d’exposants Natexpo Lyon accueillera cette année ?
FLORENCE ROUBLOT. On devrait en avoir 350, je pense. Par rapport à 2023, c’est une grosse baisse due essentiellement au contexte et au fait qu’outre le marché de la Bio en lui même, il y a aussi tout le contexte du pouvoir d’achat, le contexte géopolitique et énergétique qui font que les entreprises sont obligées de faire des choix. Elles n’auront pas forcément des nouveautés à présenter et préfèreront faire l’impasse au niveau marketing et communication et revenir plus fort en 2025.
FRANCE PIZZA. Quels seront rendez-vous majeurs de Natexpo Lyon ?
FLORENCE ROUBLOT. On a des opérations spécifiques en direction de la distribution. Les produits Bio se vendent sur plusieurs marchés mais le marché N°1 c’est celui de la distribution spécialisée de type Biocoop, Naturalia, La Vie Claire… On a un Village des Distributeurs Spécialisés où tous les distributeurs seront présents. Les visiteurs et les exposants pourront aller à leur rencontre. Ils auront différentes assemblées générales. On a une opération appelée « Les Magasins du Coin » car il y a une vraie appétence pour ce qui est local. Ce sont des petits magasins qui ne sont pas forcément fédérés en franchise ou dans un gros réseau; ce sont des petites équipes (le patron, la femme, un alternant, et le patron est à la fois au four et au moulin) qu’on a voulu accompagner. On sait qu’il y a un véritable débouché vers ces magasins du coin pour les exposants du salon donc on leur fait un programme sur mesure avec un accueil personnalisé le matin. Une journée rien que pour eux. BioLinéaires , l’un de nos partenaires va faire une présentation du marché chiffré parce que ce sont des personnes qui n’ont pas forcément le temps de se tenir au courant des différentes statistiques, des évolutions du marché.… Ensuite on leur proposera une petite formation sur « Comment mettre en avant les produits Bio dans son magasin ? Comment développer les cosmétiques en vrac ? ». Ils auront ensuite une visite guidée du salon avec mise en avant de nouveaux produits ou nouveaux exposants car c’est ça aujourd’hui qui permet de développer les ventes. Et puis un repas de midi et l’après-midi, la possibilité de prendre des rendez-vous particuliers, des rendez-vous d’affaires avec les principaux exposants. On les aide aussi sur l’hébergement. C’est une jolie opération qui reçoit un très bon accueil. On est aussi en train de voir pour une « Opération Bio Connection » en direction de la grande distribution. Carrefour Bio fera des genres de speed-meetings entre des exposants et la GMS.
FRANCE PIZZA. Cette édition annonce également de nouveaux programmes d’échanges
FLORENCE ROUBLOT. Même s’il y a moins d’exposants, ils viennent pour trouver de nouveaux débouchés, rencontrer des distributeurs entretenir leurs réseaux. On a développé un programme de conférences (c’est la fédération Natexbio qui s’en occupe) sur un espace central qui s’appellera La Scène avec différentes thématiques: restauration collective, restauration commerciale, l’innovation… On a décidé d’organiser une nocturne festive ouverte aux visiteurs et aux exposants avec un blind-test et apéro le lundi soir
FRANCE PIZZA. Parmi tous les secteurs représentés à Natexpo lequel attire le plus l’attention des visiteurs ?
FLORENCE ROUBLOT. C’est l’alimentaire et il est représenté sur une grosse moitié du salon. On voit que c’est lié aussi à la typologie des magasins qui est faite de cette manière. Après, il y a une typologie de produits à l’intérieur de l’alimentaire qui peuvent ressortir. Tout ce qui est boisson sans alcool, boissons fermentées, le commerce équitable, le vegan…
FRANCE PIZZA. Quelles ont les grandes tendances alimentaires dont Natexpo se fera l’écho ?
FLORENCE ROUBLOT. Les boissons sans alcool, les fermentées, le vegan… Un œil sur tout ce qui est ultra-transformation, l’upcycling qui ne concerne pas forcément que l’alimentaire. On a eu un exposant qui a été primé aux trophées pour avoir créé un gel douche à base de châtaigne; ce sont les drêches de châtaigne qui sont utilisées. L’upcyling dans l’esprit zéro gâchis zéro déchets se développe.
FRANCE PIZZA. Les produits pour la restauration italienne seronont-ils bien représentés ?
FLORENCE ROUBLOT. Sur Paris, il y a une grosse présence italienne. Là, on en a mais pas au même niveau. À Lyon, on a pour la 1ère fois un pavillon porté par la Chambre de Commerce Italienne de Lyon mais les Italiens sont moins représentés par rapport aux Allemands.
Propos recueillis par Isabelle Aithnard