Stefano Palombari, directeur de L'Italie à Paris, fête les 20 ans de cette association

Enseignant et écrivain*, cet Italien né à Naples mais qui a grandi à Rome, arpente la capitale en quête d’adresses et de bons plans témoins de la présence de l’Italie dans la capitale. Théâtre, cinéma, littérature, gastronomie…rien n’échappe à son œil éclairé. À la tête de L’Italie à Paris, entité qui rassemble une association culturelle dispensant des cours d’italien et un site web, Stefano Palombari fête les 20 ans de cette marque devenue iconique. 

"Quand à l’intérieur d’un salon, il y a sponsor et qu’on estime qu’il ne contribue pas à la bonne image de la gastronomie italienne, on ne participe pas." 

FRANCE PIZZA. Quelle est la génèse de L’Italie à Paris ?

STEFANO PALOMBARI. Le site est un peu né par hasard. J’avais écrit en 2002 et publié 2003 le guide « L’Italie à Paris » aux éditions Parigramme. Lors de la présentation du guide, un homme me demande pourquoi je ne lance pas un site Internet. Il est vrai qu’à l’époque, peu de sites traitaient ce sujet. Il y avait Turisti et Italyone qui ne traitaient pas de l’Italie à Paris mais de l’Italie en général avec une orientation vers le tourisme.  C’était bien avant l’explosion des forums !  

FRANCE PIZZA. Que faisiez-vous à l’époque à Paris ?

STEFANO PALOMBARI. Je suis arrivé en 2000 à Paris. J’enseignais l’italien et travaillais également auprès de maisons d’édition comme Flammarion pour qui j’essayais de trouver des nouveautés à traduire. Flammarion m’apprend que Parigramme cherche un auteur pour rédiger un guide sur la présence de l’Italie à Paris. Cette collection intitulée « Le monde en capitales» réunissait déjà « La Russie à Paris » et « Les Indes à Paris »  et souhaitait publier un 3ème volet : « L’Italie à Paris ». Le site est né ainsi et donnait à voir un contenu qui aurait été trop dense pour un guide papier.  

FRANCE PIZZA. Aujourd’hui combien de visiteurs le site L’Italie à Paris rassemble-t-il ? 

STEFANO PALOMBARI. On avait 3000 visiteurs il y a 10 ans. Aujourd’hui, comme pour beaucoup de sites, l’audience est dispatchée sur les réseaux sociaux. Ceux qui s’informent sur L’Italie à Paris peuvent le faire via Facebook où on publie toutes les actus ou sur Instagram. Le trafic sur le site a donc un peu reculé et on est à 1500-2000 visiteurs. Ce n’est pas qu’on a perdu des visiteurs mais l’information circule différemment.

FRANCE PIZZA. Combien de collaborateurs alimentent les pages de L’Italie à Paris et sous quel statut ?

STEFANO PALOMBARI. Les auteurs qui écrivent pour L’Italie à Paris sont bénévoles. Moi-même, je ne suis pas payé pour écrire mon travail éditorial. Ce travail ne génère pas de revenus. On n’a pas d’accord avec qui que ce soit, on est totalement libre d’écrire ce que l’on veut.

FRANCE PIZZA. De quoi vit l’association ?

STEFANO PALOMBARI. Ce qui permet à l’association de se financer et notamment de payer le local, c’est l’activité d’enseignement de l’italien. Les cours sont ce qui nous permet d’avoir un revenu et de bien payer les professeurs, bien mieux que dans d’autres écoles.  Quant aux auteurs qui écrivent sur les restos, ils ne sont pas rémunérés mais défrayés. Ils font une note de frais que L’Italie à Paris rembourse.  

« On fait notre travail. Ce qui nous permet de faire ce qu’on veut et ce qu’on sait faire : communiquer à 360 degrés sur la culture italienne »

FRANCE PIZZA. Pourquoi ne pas vous faire inviter comme la plupart des  journalistes ?   

STEFANO PALOMBARI. On essaie d’éviter le mélange de genres. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais parfois nous ne sommes pas très tendres avec les restaurants. On n’peut pas être invités et taper sur ceux qui nous ont invités ! Quand on est invité et qu’on n’a pas aimé, on n’écrit rien. Et on prévient : « Voilà, on a été déçus et on ne va pas faire l’article ». On a des critiques subjectives et on juge selon nos critères, pas celui de l’air du temps.

« Pour avoir un enseignement de qualité, l’enseignant doit être heureux ».

FRANCE PIZZA. Comment avez-vous célébré les 20 ans de L’Italie à Paris ?

STEFANO PALOMBARI. On n’a pas encore célébré mais on s’est fait un beau cadeau : le local. Ça, c’était quelque chose ! Pour les 10 ans, on s’était offert un nouveau site web et on s’était dit que pour les 20 ans, on aurait un nouveau local. C’était un vieux rêve qu’on ne pouvait pas se permettre.  

FRANCE PIZZA. Aidés par de généreux donateurs ?

STEFANO PALOMBARI. On ne bénéficie d’aucune aide et nous n’en demandons pas. On ne cherche pas de reconnaissance du côté des institutions. On fait notre travail. Ce qui nous permet de faire ce qu’on veut et ce qu’on sait faire : communiquer à 360 degrés sur la culture italienne à travers sa littérature, son théâtre, sa gastronomie, son cinéma…L’an dernier, nous avons bien travaillé sur la communication des cours d’italien : on a des super profs d’italien qui sont très bien payés par rapport aux autres associations…

FRANCE PIZZA. Vous insistez beaucoup sur ce point.

STEFANO PALOMBARI. Oui parce que pour avoir un enseignement de qualité, l’enseignant doit être heureux. J’enseigne depuis plus de 25 ans. J’ai travaillé pour des boîtes qui ne me payaient pas bien, je n’avais pas envie de donner le meilleur de moi-même car je me sentais exploité. Moi, j’ai toujours un bon dialogue avec nos enseignants pour faire en sorte que l’enseignement soit de qualité et que les gens trouvent une bonne ambiance en cours.Tout cela nous a permis en 2022 d’avoir beaucoup d’inscrits et de dépasser les 100 inscriptions. Un vrai succès puisque il y a 2-3 ans, on était à 40 inscrits.  Je suis très content car on est aujourd’hui à 200. On a doublé le nombre d’inscrits avec le local. 

FRANCE PIZZA. Qu’avez-vous dans ce nouveau local du 11 ème arrondissement que vous n’aviez pas dans le 10 ème ?

STEFANO PALOMBARI. On n’avait rien ! J’avais une chambre de bonne qui tenait lieu de bureau mais on ne pouvait pas y rencontrer les gens. Les cours avaient lieu dans des salles louées à l’heure… Les cours ont lieu dans le nouveau local et j’ai enfin récupéré mon bureau. On continue de louer quelques salles pour les cours du soir.

FRANCE PIZZA. Quels mot résument le mieux ces 20 ans au sein de l’Italie à Paris.

STEFANO PALOMBARI. La passion, évidemment; la curiosité et l’enthousiasme pour la culture. L’indépendance aussi. Payer nos repas nous permet de rester indépendants. Et s’il y a des évènements italiens sponsorisés par des marques, des personnes qui ne nous plaisent pas, on dit non ! On ne rentre pas dans ce jeu. Ce qui nous importe c’est la qualité de ce qui est proposé. Quand à l’intérieur d’un salon, il y a sponsor et qu’on estime qu’il ne contribue pas à la bonne image de la gastronomie italienne, on ne participe pas. 

* L’Italie à Paris (Ed.Parigrammes), Paris al dente (Ed.Parigrammes).

Propos recueillis par Isabelle Aithnard