Alexis Rautureau nous fait découvrir les vins d'Italie

Alexis Rautureau sort ces jours-ci "Découvrir les vins d'Italie" aux éditions Dunod, un livre passionnant pour comprendre, choisir et déguster les vins de nos voisins italiens

Auteur passionné de vins, cet ex-caviste cherchait en vain un livre sur les vins italiens. De ceux que l’on emporte pattout avec soi. Faute de trouver celui qui lui convenait, il en a écrit un. 

France Pizza. Comment êtes-vous entré dans le milieu du vin ?

Alexis Rautureau. Je suis entré  dans le monde du vin en 2008 grâce à  un ami. Avant d’y entrer de plain pied, j’étais déjà intrigué. Et dans la bande d’étudiants que je fréquentais, j'étais toujours celui qui choisissait les bouteilles. En 2015, je suis devenu sommelier dans l’ évènementiel. 

FP. Comment définiriez-vous votre livre ?

AR. Je voulais un  guide qu’on puisse emporter. Je ne propose pas une liste de viticulteurs à aller voir mais des rencontres avec des bouteilles.

FP. Quelle a été votre méthode pour saisir l’esprit et le caractère des vins italiens ?

AR. Je me suis mis à beaucoup lire mais j’ai découvert  les vins italiens en rencontrant des bouteilles exquises et pas chères. J’ai toujours été intéressé par les vins étrangers. La France a de très  bons vins mais le vin est un monde de diversité. Il faut être curieux et aller voir ailleurs.  

FP. Quels souvenirs marquants, quels coups de foudre ont émaillé votre parcours gustatif ?

AR. Le Collecapretta. Jai été touché par ce vin naturel d'Ombrie, un endroit que je ne connais pas. Ensuite j’ai  grandi avec des pros qui avaient de très bonnes bouteilles. Je me souviens d'un appartement parisien extraordinaire donnant sur le Palais Royal où l’on m'avait servi un vin à étiquette verte de Quintarelli, un Valpolicella Superiore. Extraordinaire ! 

FP. Tous ceux qui goûtent des vins sublimes ne se mettent pas à écrire…

AR. Ce qui m'a amené à travailler sérieusement sur les vins c'est une série  de coups de foudre et une interrogation. Je ne comprenais pas pourquoi l’Italie avait des vins si extraordinaires et qu’on n’en parlait pas ou peu. À la Librairie Gourmande de Paris, j’étais étonné de ne pas trouver plus de livres consacrés à ce sujet. La libraire m’a dit qu’on lui demandait tout le temps des livres sur les vins italiens. J’ai commencé à prendre des notes avec une vague idée de livre.

FP. Quelles sont les tendances qui se dessinent dans le milieu du vin ? 

AR. Le boum extraordinaire du prosecco est un phénomène dans l’histoire ! La croissance de sa production est hors du commun. Il y a 10 ans, les cavistes en avaient peu, aujourd’hui il est partout. Mais le prosecco est l’arbre qui cache la forêt ! Le Malvasia frizzante d’Emilie-Romagne est typique de ce qui pourrait marcher en France. Il y a une tradition de vins blancs légèrement pétillants qu’on boit à l’apéro. Les jeunes boivent bcp de Pet’Nat’ (pétillants naturels). C’est une niche mais intéressante. 

FP. Quels vins pourraient  bousculer nos habitudes ? 

AR. En Italie, il y a une tradition de rosés un peu foncés. un peu vineux. En France, où les rosés sont très pâles,  les Tavel et Clairet de Bordeaux sont difficiles à vendre car plus foncés. L’une des grandes tendances, c’est la recherche de fraîcheur. Tout le monde veut boire de la légèreté et de la fraîcheur. Ces rosés italiens un peu vineux sont légers et frais. En Italie, il y a un vrai intérêt pour les rosés. Le Cerasuolo d’Abruzzo, c’est le rosé toujours vineux et coloré un peu comme le Tavel, un rosé avec un peu de corps. Si on ne veut pas de rouge, trop lourd ni de rosé trop léger, c’est l’équilibre parfait. On n’a pas ça en France. C’est un peu dommage que dans un grand pays viticole qui a une culture un peu renseignée on se limite aux rosés très pâles. Le consommateur français s’arrête à la couleur, c’est une erreur.  

FP. Quelles associations pizza-vins suggérez-vous ?

AR. Je suis un grand fan des accords traditionnels de l’Emilie. Pour accompagner des sauces ragoût, qu’on appelle bolognaises, on boit des Lambrusco secs, légers et effervescents. Ils sont idéals pour cette cuisine roborative. Pour l’escalope milanaise, je servirai un blanc avec un cépage Verdicchio, des blancs très floraux. Si on cherche des vins blancs avec de la puissance, le Timorasso de Daniele Ricci est un bonheur.
Il y a énormément de blancs qui vont avec les produits de la mer comme les pâtes à la vongole. Je ne suis pas un ayatollah des accords mets vins. Il ne faut pas trop se mettre de pression mais plutôt gérer les équilibres. Pour une Margherita, des vins pas trop forts. À New York, on s’amuse à faire des accords mets-vins. La pizza bianca est accompagnée de vins blancs et dès qu’il y a de la tomate ou de la viande, on boit des rosés ou des rouges.

FP. Les Français manquent-ils de curiosité ? 

AR. Pour avoir été caviste, je sais qu’il est plus difficile de vendre un vin étranger qu’un vin français parce qu’il y a énormément de vins français.

FP. Pouvez-vous nous conseiller 10 vins italiens à garder ?

AR. Un Barolo ou un Barbaresco. Un soave blanc de Vénétie. Un Valdobbiadene prosecco. Un vin rouge de l’Etna. Un vin d’appellation Ciro de Calabre. Un primitivo des Pouilles. Le Schiava, vin très léger, très délicat et subtil. Les meilleurs se gardent 5 à 10 ans. Les Brunello di Montalcino. Un Marzemino du Trentin, produit par Ricci.

FP. Vous arrivez à un dîner avec quelle bouteille italienne  ?

AR. J’en amène toujours plusieurs car on ne sait jamais où on met les pieds. J’apporte un blanc type Verdicchio s’il s’agit de novices. Si ce sont des gens plus renseignés sur les vins, j’amène un rouge. Un des grands Riesling de cépage allemand, pur et cristallin que l’on trouve dans le Haut-Adige.

Propos recueillis par Isabelle Aithnard

 

• En librairie : 14 septembre 2022 Prix : 19.90 €(192 pages, éditions Dunod)