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Elisabeth Scotto, s’amuser à cuisiner
Le 9 Juin 2021

Elisabeth Scotto, s’amuser à cuisiner

Journaliste, blogueuse, auteure[1], et cuisinière, Elisabeth Scotto voue une passion à la cuisine française, à l’Italie, et au Japon. Ses origines italiennes s’expriment au quotidien dans les produits et recettes qu’elle cuisine. Elle partage beaucoup de ses inspirations culinaires dans ses livres et sur son blog[2].

Cuisiner italien, c’est une évidence pour vous ?

Mes grands-parents paternels sont de Procida, une île au large de Naples, mes grands-parents maternels de Massa Lubrense, un village, sur la côte amalfitaine. Dans le village en Algérie où j’ai grandi, tout le monde était originaire d’Italie du sud. J’imagine que c’est là que maman a dû apprendre la cuisine, parce que ma grand-mère maternelle détestait cuisiner. Au quotidien, nous mangions des pâtes, des raviolis, de la pizza, de la sauce tomate, du poisson, des fruits de mer, des oursins. La cuisine française traditionnelle était réservée pour les jours particuliers. La cuisine italienne est encore dans mon quotidien : je me régale avec de bonnes pâtes, une sauce tomate maison (que je mets au congélateur s’il m’en reste), des agretti, puntarelle, artichauts, du pesto, de la pizza, du bon riz pour le risotto… Les gens ont l’idée que la cuisine italienne est facile, c’est souvent vrai, mais à condition d’utiliser de bons produits. A Paris, on a une chance extraordinaire de trouver tout chez RAP, Eataly. J’ai aussi une petite épicerie italienne à côté de chez moi, Il Villagio. Je me sers chez Terroirs d’avenir, je fréquente plusieurs marchés.

Vous commencez avec vos sœurs ?

Enfant en Algérie, et aussi lorsque nous étions à Marseille, je voyais ma mère cuisiner chaque jour pour ses 4 filles, notre père, ses parents. C’est d’elle que j’ai appris mais aussi en regardant mes grandes sœurs (elles avaient entre 6 et 12 ans de plus que moi). Elles occupaient la cuisine pour se consacrer à la pâtisserie, à faire des bonbons, du caramel… Nous étions 4 dont 3 d’entre nous, sommes tombées par hasard dans la cuisine. Marianne était professeur d’italien, Michèle avait un magasin de produits bio, j’étudiais le japonais. Un éditeur a suggéré que nous réalisions un livre. C’est ainsi que notre premier ouvrage « La cuisine des sœurs Scotto » a vu le jour. Nous avons été parmi les premières à nous libérer d’un carcan, à réaliser une cuisine personnelle, facile. Nous sommes sorties de la cuisine des chefs et des grands auteurs. Quand on consultait le Pellaprat de ma mère, au secours ! Je devais poursuivre mes études et aller au Japon, mais j’ai choisi de rester avec mes sœurs. Nous étions à la fin des années 70, au début des années 80, vivre au Japon à l’époque était très dur, alors je suis allée à fond dans la cuisine. Les journalistes se sont vivement intéressés à nous.

Vous avez une carrière de journaliste et d’auteure culinaire ?

J’ai conçu et réalisé les recettes des fiches cuisine du magazine Elle pendant 16 ans, j’écrivais pour Elle à Table, Vital, Cosmopolitan, Cuisine et Vins de France, Marie-France, Gault-Millau… C’était une époque bénie, où nous étions très peu nombreuses comme journalistes culinaires. Sur mon blog, on trouve tout ce que je n’ai pas pu dire quand j’étais dans le métier, je m’amuse. Il s’adresse à qui veut. Dans mon dernier ouvrage, « Du shiso dans la crème anglaise », je livre une recette de la crème anglaise dans laquelle j’ai remplacé la vanille par du shiso, j’ai déconstruit d’autres recettes. Dernièrement j’ai contribué à l’ouvrage « On va Déguster l’Italie » à la demande de François-Régis Gaudry, avec des recettes : les agretti, la sbrisolona, les pâtes aux oursins, que j’ai découvertes en Italie, à Naples (c’était divin !).

Vos plats, ingrédients favoris ?

Je suis née avec les oursins méditerranéens, alors un oursin tout frais pêché, rien de meilleur. Lorsque j’étais enfant, je jouais avec les poissons vivants, que mon grand-père qui était pêcheur, rapportait le matin, dans un seau plein d’eau de mer. L’après-midi, il m’amenait au potager où j’ai appris les tomates, les petits pois… Avec mon père, j’ai très tôt découvert les agrumes : oranges clémentines, cédrats… Avec ses frères, il avait une usine de conserves de sardines, anchois…J’ai grandi avec des produits frais de qualité, des pâtes fraîches maison…

Ma vigilance sur la composition et la provenance des ingrédients est venue avec le temps. J’ai découvert un beau jour, en regardant une étiquette sur un paquet de pâtes italiennes, que le blé ne venait pas d’Italie. Là, je me suis vraiment demandé, pourquoi être allé au Canada ou en Russie le chercher ! Je sélectionne maintenant des pâtes sèches dont le blé provient d’Italie, au pire d’Europe. Le manger propre est en voie de progrès, mais ça n’est pas financièrement à la portée de tout le monde… L’Italie a su préserver ce qu’il me semble qu’on a perdu en France, les petits produits, les petits bistrots. Les Italiens ont gardé cette simplicité.

[1] En solo : L’Huile d’olive, Les Légumes oubliés, Soupes, potages et consommés, Vivre heureux et centenaire, Belle et heureuse enceinte, Bien-être en hiver, L’Alsace gourmande de Marc Haeberlin, L’huile d’olive, l’or de la Provence … Avec ses sœurs Michèle et Marianne : La cuisine des sœurs Scotto, Gourmande et pressée, L’Héritage de la cuisine française, Saveurs des terroirs de France, Desserts de rêve, La Cuisine des parfums, Secrets de cuisine des Sœurs Scotto, La Bible Culinaire des Sœurs Scotto.

[2] https://elisabethscotto.com

Copyright Gabriel Gauffre

 

Propos recueillis par Carole Gayet

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