Nora Barault : relever les défis d’aujourd’hui et de demain avec le Click & Collect

Rencontre avec Nora Barault, une jeune entrepreneure inspirante basée à Paris. Autodidacte passionnée issue d’une famille de restaurateurs, elle est aujourd’hui CEO de siouplait.com solution de commande en ligne pour les commerçants créée en 2018. Nous l’avons rencontré pendant une période inédite afin de lui poser des questions concernant le développement des services digitaux en temps de crise. Dans ce cadre complexe, elle nous livre ses conseils pour optimiser une boutique en ligne et tirer profit du click & collect tout en soignant la réputation numérique des commerces de bouche.

Sur linkedin, vous vous présentez comme une ‘Entrepreneure autodidacte et inspirée’. Justement. Quelles sont vos sources d'inspiration ? 

J’ai un BAC classique et n’ai pas fait de grande école, mais je viens d’une famille de restaurateurs. Donc ma source d’inspiration sont les entrepreneurs qui montent leur resto. C’est une catégorie qui est peu mise en avant et que j’observe depuis l’âge de seize ans, quand j’ai commencé à travailler. Concrètement j’ai eu envie de lancer ma propre boite en suivant notamment l’exemple de Maximo Nuñez, mon dernier patron, qui a demarré son activité à seulement vingt-deux ans. Maintenant il est à la tête de trois restaurants argentins à Paris : Caminito, La Recoleta et Palermo. En tant qu'autodidacte, j’ai appris à l’école de la vie et en suivant les pas de personnes tenaces.  

A votre avis, les qualités indispensables pour travailler auprès des professionnels de la restauration sont…

Tout d’abord la transparence, car c’est un milieu très impacté par les arnaques. Je pense aussi que l’agressivité n’est pas utile, surtout pour la commercialisation d’un produit ou d’un service. Je crois aussi qu’il faut toujours partir d’un besoin pour y apporter une réponse concrète. 

Et sur les besoins, nous revenons à la situation actuelle. Comment-imaginez-vous le click & collect du futur ?

En ce qui concerne le click & Collect, on l’oppose souvent à la livraison, mais en réalité, il s’agit d’un service complémentaire qui répond à un besoin généralisé : celui de la commande en ligne. Commander à l’avance et retirer sur place est important dans la situation sanitaire actuelle car cette solution réduit indéniablement les contacts. On pousse ainsi les gens à aller dans les magasins et dans les restaurants pour chercher leur commande. Les clients passent par le digital pour continuer à soutenir ainsi les commerces de proximité. 

Quels conseils donneriez-vous aux restaurateurs qui souhaitent mettre en place une boutique en ligne efficace ?

Il n’y a pas de recette magique, mais des actions concrètes qui doivent être menées pour configurer un outil efficace. Il faut imaginer la boutique comme un tunnel de vente avec des étapes à franchir. Le premier pas est lié à la visibilité. Les clients doivent pouvoir vous retrouver facilement en ligne, que ça soit sur google, sur une plateforme, sur les réseaux sociaux, etc. Deuxièmement, vous devez avoir des interlocuteurs, donc une communauté de personnes qui vous connaissent et vous suivent : pour avoir des acheteurs il faut d’abord avoir des visiteurs. Le troisième point concerne l’attention avec laquelle ces visiteurs sont accueillis. Il faut les suivre efficacement en ligne car il n’y pas la médiation du contact humain. J’aime bien l’exemple du serveur qui, avec son sourire et sa petite blague, met le client dans l’ambiance avant de présenter le dessert du jour. Il faut essayer de retranscrire cette sincerité à travers le web. C’est un travail de transposition qui paye car il fait appel à des images qui nous sont familières.

Quelles seront à votre avis les outils digitaux au service de la restauration de demain ?

A mon avis, l’avenir de la commande en ligne et de la digitalisation appliquée à la restauration, passera par le marketing digital. Il faut reprendre tous les codes du e-commerce des autres secteurs (comme celui de l’habillement) pour les appliquer à la vente en ligne de produits alimentaires. C’est un ensemble de compétences que les restaurateurs doivent pouvoir apprivoiser et mettre à profit. La seule inquiétude concerne la charge de travail et le temps qu’il faudra y dédier. 

Est-ce que le restaurateur devra redoubler d’efforts pour transmettre l’identité de sa cuisine à travers une communication digitale efficace ?

Il faut toujours être très attentif au retour sur investissement et soigner l’image en amont. Si la cuisine est qualitative et que toutes les conditions sont réunies, je pense qu’il ne faut pas hésiter à établir un budget dédié au développement digital. Pour se faire connaître en ligne, on peut faire appel à des agences, contacter des freelances, embaucher des stagiaires et des personnes en alternance, etc. Puis augmenter progressivement l’investissement tout en surveillant attentivement les résultats. En grandissant au sein d’une famille de restaurateur, j’ai toujours entendu parler de l’impact de l’emplacement sur le succès d’un commerce. Je pense que dans quelques années l’emplacement physique sera moins important. Les FoodTruck et les Dark Kitchen nous donnent une petite idée du changement de perspective qui est en train de s'imposer. 

Propos recueillis par Sara Rania.