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Gilberto D’Annunzio : solidarité et énergie pour surmonter la crise
Le 3 Décembre 2020

Gilberto D’Annunzio : solidarité et énergie pour surmonter la crise

Gilberto est né au sein d’une famille originaire des Abruzzes, et il partage avec sa sœur Lorena  la même passion pour les bons produits italiens. Ils ont ouvert une première épicerie à Lille "La Bottega" et puis lancé sept restaurants italiens différents :"In Bocca Al Lupo", "Bottega Pizza", "L'Ultimo", "Il Bastione" et  "Prima Fila"), "Via Ristorante" à Valenciennes et "Cibo" à Biarritz. Gilberto s’est aussi lancé dans une production de mozzarella artisanale implantée dans le nord de la France, un vrai défi. 

Rencontre avec cet entrepreneur franco-italien qui affronte la crise sanitaire avec énergie, tout en préparant l’avenir.

La crise sanitaire impacte lourdement les activités de restauration mais elle impose aussi des nouveaux modes de consommation. Est-ce que le service de livraison que vous avez mis en place dans certains de vos restaurants (L'Ultimo, Il Bastione et La Bottega Pizzeria) est une solution ou juste une goutte dans la mer ?

Pendant le premier confinement notre service de livraison a très bien marché. Malheureusement pour le deuxième confinement les choses se sont compliquées du fait que les personnes ne sont pas vraiment confinées et les livraisons, par conséquent, sont moindres. De toute façon je ne suis pas convaincu qu’il s’agisse d’une solution pour le futur. Les gens ont besoin de sortir et de revenir à leurs habitudes. Pour ce qui concerne le click & Collect je n’ai pas envie d’installer un service spécifique. Je suis joignable à travers les canaux liés à La Bottega. Les clients habituels me contactent via facebook, instagram ou what’s up et c’est bien comme ça. Je ne veux pas passer toute ma journée derrière un ordinateur, je considère que ça n’est pas vraiment mon métier.

La période de Noël et des fêtes de fin d’année approche à grands pas. Quelle est la route à tracer pour redonner un peu d’espoir à votre clientèle ? 

Mes restaurants seront fermés à Noël. L’épicerie tient bien le coup heureusement. Sans restaurants les clients viennent chercher encore plus de bons petits plats à manger chez eux. Les commerces de bouche travaillent très bien en ce moment. J’ai eu de la truffe blanche et elle s’est vendue comme d’habitude. Les gens reviennent à l’essentiel et ils recherchent ce qu’ils aiment, leurs produits phare, gourmands et réconfortants.  

Est-ce que vous craignez un nouveau couvre-feu ?

Le couvre-feu nous avait pénalisés quand nos restaurants étaient ouverts. Maintenant que ça n’est plus le cas, je ne crains pas un arrêt à partir de 21 heures. En revanche, si l'heure du début du couvre-feu est avancée, elle pourrait impacter les activités de l'épicerie. Le pic du mouvement se situe dans l’après-midi et en début de soirée, donc on serait pénalisés si l’on était obligés d’avancer l’horaire de fermeture. 

Vous affichez un soutien sans faille à vos confrères (par exemple en ouvrant les portes de votre cuisine chez L'Ultimo à Rachel de chez Oum Falafel, une cuisinière libanaise qui a proposé ses frites cuites dans l’huile d’olive et ses falafels à côté de vos pizzas). Quelle est votre devise pour faire face ensemble ?

Je suis habituée à être solidaire. C’est une façon de faire intrinsèque qui est exacerbée par la situation. J’ai récemment pris position pour soutenir Grégory Delassus de La ferme du Beau Pays. C’est un ami éleveur de cochons et vaches qui a été doublement mis en difficulté par le virus et cause de la sécheresse de cet été. En n’ayant plus de foin pour nourrir son bétail, il a été obligé d’attaquer le stock et il a épuisé ses réserves. Nous avons publié un post ensemble et j’ai vendu beaucoup d'agneaux afin qu’il puisse renflouer sa trésorerie et acheter les fourrages nécessaires pour passer l’hiver. 

L’épicerie La Bottega reste ouverte aux horaires habituels avec un service de livraison  à domicile le jeudi, vendredi et samedi après-midi. Est-ce que ça rassure les clients de vous voir toujours en activité ? Y a-t-il un vrai soutien de la part de la population locale ?

Oui. Il y a énormément de compassion et de soutien. Malheureusement on sent aussi que depuis novembre les gens consomment moins, mais c’est aussi une tendance qui se confirme avec l’arrivée du froid. Les clients qui reviennent sont très attristés par ce qui nous arrive. J’ai rarement eu autant de marques d'affection. Nous sommes confiants, mais il ne faudra pas que les restaurants restent fermés trop longtemps.

La recherche des meilleurs produits est au cœur de vos préoccupations. Est-il possible de faire du sourcing à distance ? 

On ne cherche pas de nouveaux produits pour l’instant. L’épicerie nous permet de faire travailler les producteurs qui nous suivent depuis des années. Sinon c’est l’effet papillon. De qu’une affaire ne marche pas les autres sont aussi impactées. Si je suis fermé c’est mon meunier qui travaille moins, et puis mon charcutier, le fromager qui produit mon pecorino, etc.

La ténacité est la clé d’un succès construit en famille et un trait caractéristique des habitants des Abruzzes, la région d’origine de votre père. Arrivez-vous à vous projeter pendant ces temps si troubles ? 

On a essayé d'ouvrir le midi, de faire plus de plats à emporter, de nous diversifier ultérieurement, de communiquer sur les réseaux sociaux. Nous sommes prêts à décrocher le téléphone et nous espérons toujours que la clientèle soit au rendez-vous. Il n’y a pas grande chose d’autre à faire. Il faut se retrousser les manches et avancer ensemble. On se sent plus fort quand on travaille en famille, on est plus rassuré. Mais pour nous c’est toujours valide, ça ne change pas avec le confinement. 

Quelle est la signification ‘d’accueil chaleureux’ par ces temps difficiles ?

Je crois qu’assurer un bon accueil à nos clients c’est encore plus important qu’avant. Ça prend un temps et une énergie incroyable, mais c’est très important à nos yeux. C’est un contact qui maintient le lien social. Les clients se questionnent et nous questionnent. Je ne vous cache pas que certaines fois c’est épuisant, mais nous saurons être à l’hauteur. 

 

p.s. La photo à été prise sur le trabocco* de l'Adriatica pendant le dernier voyage dans les Abruzzes organisé par Gilberto du 10 au 14 octobre. Il a amené trente-deux personnes dans la région d’origine de sa famille. Le groupe des oliviers 2020.


*Les trabocchi sont des anciennes machines de pêche montées sur pilotis qu’on retrouve encore sur la côte adriatique italienne.


Propos recueillis par Sara Rania.

 

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