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Christine Marzani, promotrice du vin naturel italien en France
Le 29 Novembre 2019

Christine Marzani, promotrice du vin naturel italien en France

Après 30 ans aux rênes du restaurant l’Appenino à Paris avec un mari natif d’Emilie-Romagne, Christine Marzani vit aujourd’hui en Italie. Depuis 2002 à Fornovo (Emilie-Romagne) et 2016 à Paris, elle organise un salon dédié au vin naturel italien, Vini di Vignaioli, dont la 4e édition se déroulera les 15 et 16 décembre 2019 à l’espace Charenton, à Paris dans le 12ème.

Comment est né l’évènement Vini di vignaioli ?

Avec mon mari, nous ne trouvions pas en France de vins italiens qui nous plaisent, nous fréquentions les bars à vins natures parisiens. A cette époque, je rencontre la vigneronne italienne Alessandra Bera, dont le moscato est une référence, on discute, la Dive* est née depuis 3 ans, puis l’idée folle germe un soir en vacances en Italie. Mon beau-frère, maire du village de Fornovo, propose de mettre à ma disposition une salle et l’équipe de l’office du tourisme, et je me retrouve à avoir un salon à organiser à Fornovo. Pour y participer, j’ai sollicité des vignerons français du milieu du vin nature (Richaud, Jean Foillard, Larmandier, Binner…), Alessandra Bera, ainsi qu’une autre grande vigneronne italienne Nadia Verrua de Cascina Taivjn… 4 vignerons italiens, 12 vignerons français. Fornovo est un bourg qui n’a aucune vocation viticole, je n’étais pas connue en Italie… Pourtant la 1re  édition du salon qui s’est déroulée en décembre 2002 a été une réussite, au-delà de toute attente !

Quel chemin parcouru depuis lors ?

D’année en année il a fallu une salle de plus en plus grande puis un chapiteau, qui s’est agrandi à son tour, jusqu’à aujourd’hui où nous nous réunissons dans le foro boario (ancien marché aux bestiaux). Il n’y avait pas de salon alternatif du vin en Italie au début des années 2000, sauf Critical Wine/Terra e libertà  qui se déroulait au Leoncavallo à Milan, organisé par Luigi Veronelli. Il était l’auteur d’une revue et d’un guide sur le vin, ses idées étaient d’avant-garde. Il a aidé des jeunes marginaux qui occupaient les lieux à créer cet événement. Ils ont toujours été présents ensuite pour m’encourager dans l’aventure de Vini di Vignaioli. Au fur et à mesure, le salon a acquis légitimité et reconnaissance des vignerons qui sont convaincus qu’ils ont un intérêt à y participer. Vini di vignaioli est devenu un passage préalable à la participation à d’autres événements, il leur donne confiance et valeur.

Qui sont les vignerons qui participent au salon ?

Récemment, Saša Radikon, grand domaine pionnier du vin nature, m’a appelée pour me dire qu’il ne pourrait participer au salon de Paris car il n’a pas une bouteille de vin à vendre. C’est à la fois une belle reconnaissance pour le salon et la démonstration que des domaines dont la qualité est reconnue au niveau international y participent. Les vignerons ont plaisir à se retrouver, à échanger. Une fraternité les unit. Les 3 et 4 novembre derniers, ils étaient 190 à Fornovo. Une table-ronde était consacrée à la présentation d’une étude menée par un chercheur et agronome à l’université de Florence sur les propriétés de la corne de bœuf dans les sols. La salle était pleine, les vignerons étaient intéressés. Pour participer au salon, il y a des critères de sélection repris dans une charte : utiliser des levures indigènes, que le taux de sulfites dans les vins soit nul à faible, travailler au moins en agriculture biologique, qu’il n’y ait pas d’intrant chimique ni dans la vigne ni dans la cave, un parrain qui a visité vigne et cave se porte garant, celui-ci signe une attestation en ce sens.

Quelle est la place du vin naturel en Italie ?

Les vignerons qui produisent du vin naturel sont une minorité comme en France mais on en parle beaucoup. Le vin bio ne fait plus exception, la biodynamie progresse et des domaines conventionnels se convertissent, accompagnés par des agronomes et des œnologues. C’est le cas d’un gros domaine en Toscane de 180 hectares, une vigneronne d’origine belge qui n’a pas fait de profit pendant 10 ans, le temps de la conversion. Ces grands domaines sont mal acceptés dans le milieu du vin naturel parce que trop grands, peut-être se réuniront-ils entre eux. Je constate que des jeunes vignerons viennent au vin naturel, ils s’échappent de ce que faisaient les parents en conventionnel. La distribution se développe surtout dans les villes, plus lentement dans les campagnes. Pour beaucoup de restaurateurs, le vin est encore juste un moyen de faire de l’argent. Parme est une des  villes qui compte le plus grand nombre de bars à vins naturels d’Italie, ils se sont regroupés dans une association, OstiNati (joli jeu de mots obstinés/nouveaux hôtes).

Quelle place occupe les vins naturels italiens en France ?

Nous comptons parmi les visiteurs de plus en plus de professionnels, de toute la France, j’ai même eu des demandes de participation de la grande distribution ! Le vin naturel italien est plus cher que le vin naturel français mais il prend une place importante sur le marché. La journée du lundi le salon est réservée aux professionnels, ils viennent aussi volontiers le dimanche, surtout pour déguster et faire des découvertes à titre personnel ou professionnel. Nous ne faisons pas de ventes de vins sur le salon pour une question de logistique. La fréquentation des professionnels est en très forte hausse, restauration italienne, française, des sommeliers de restaurants français étoilés…, ce qui est la vocation de cet événement. Quelqu’un comme François Morel, ancien rédacteur en chef de la revue le Rouge et le Blanc, élabore des cartes pour les restaurateurs sans vins conventionnels.

Parlez-nous du salon parisien

Il en est à sa 4e édition, le terrain est propice car il y a en France une dizaine de jeunes importateurs importants et ambitieux qui proposent du vin naturel. C’est un salon semi professionnel. La présence des importateurs et distributeurs est indispensable car c’est trop compliqué de proposer son vin sans intermédiaire. C’est Claudia de l’entreprise d’ importation Vini Mariani qui m’a incitée à organiser le salon en France. Nous sommes 4 organisateurs : Claudia est mon indispensable associée elle gère les soirées off et me relaie en France, Alberto son associé qui gère la logistique, tous deux permettent d’avoir une logistique économique, Riccardo qui a étudié le vin à Pollenzo à l’université des sciences gastronomiques et à Bordeaux s’occupe du « social » FB et instagram et Louise Massaux notre attachée de presse. Il y avait 50 vignerons lors de la 1re édition puis de plus en plus. Cette année, nous accueillerons une centaine de vignerons, du nord au sud de l’Italie, Les critères de sélection pour participer sont les mêmes que pour le salon italien. C’est l’occasion pour les Français de découvrir des cépages différents et des terroirs différents.

Perspectives ?

Nous réfléchissons à un colloque pour l’année prochaine sur la terre, le climat, avec la participation de scientifiques. Les vins de tous nos vignerons sont distribués à l’international où ils font entre 60 et 80 % de leur chiffre d’affaires, beaucoup aux USA et dans les pays du nord (Danemark, Suède, Norvège). Copenhague connaît un dynamisme étonnant en matière de vin nature. Nous y avons déjà organisé un salon Vini di Vignaioli et nous y retournerons.

* salon international des vins naturels la Dive Bouteille, organisé à Saumur depuis 20 ans

 

Propos recueillis par Carole Gayet 

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