DERNIER NUMERO
RETROUVEZ FRANCE PIZZA SUR
« Sur la route des vins italiens » par Ettore Scarlino
Le 2 Février 2019

« Sur la route des vins italiens » par Ettore Scarlino

Dirigeant d’une entreprise d’import de vins italiens en France, Ettore Scarlino s’intéresse depuis longtemps au fruit du travail de la vigne. Originaire de Rome, il a d’abord suivi des cours de sommellerie en Italie, puis d’œnologie en Bourgogne, rédigeant à cette occasion un travail sur les spécificités du raisin vinifié en amphore. Son ouvrage « Sur la route des vins italiens » publié en 2018 est le premier consacré à ce sujet en France. Son auteur crée ainsi un lien direct entre les vignerons qu’il affectionne particulièrement et connaît personnellement, et le lecteur, amateur de références de la Botte, l’invitant à un voyage au travers des régions, leurs cépages, leurs particularités climatiques, géologiques…

Votre relation au vin ?

A 20 ans, la cuisine et le vin m’intéressaient déjà, c’est culturel pour un Italien. J’ai suivi des cours de sommelier en Italie pour le plaisir lorsque j’étais en Italie où j’ai été informaticien pendant 20 ans avant de saisir l’opportunité en 2009, de créer une entreprise italienne d’import export de vins italiens en France et de vins français en Italie. Deux ans plus tard, j’ai transféré l’entreprise en France et spécialisé l’activité dans l’import de références d’Italie vers l’Hexagone.

La spécificité de votre activité ?

Je travaille avec des vignerons de domaines familiaux de petite taille que je connais personnellement. Au départ, les références que je proposais étaient vinifiées traditionnellement par des vignerons rencontrés durant des cours de sommellerie. J’ai ensuite découvert les vins natures en France, ce qui a changé ma philosophie et m’a amené à proposer les vins d’une dizaine de vignerons italiens qui travaillent en nature. La plupart d’entre eux n’ont pas d’appellations. Je me rends en Italie sur de grands salons comme Vinitaly mais les rencontres qui m’intéressent le plus ont surtout lieu lors de manifestations plus confidentielles.

Les Français et le vin italien ?

Les Français sont un peu déstabilisés mais intéressés car ils ne savent plus vers où se tourner pour le vin français, le Bordeaux a perdu de sa superbe, le Bourgogne est coûteux, il reste la Loire et le sud (côte catalane, Languedoc-Roussillon…). Lorsqu’ils goûtent un vin étranger, ils découvrent des saveurs qu’ils ne connaissent pas, ce qui est normal car c’est un autre climat, un autre terrain…

Votre clientèle ?

Mes clients sont à Paris, principalement des restaurateurs qui proposent une cuisine de type bistronomie, surtout de la cuisine française, quelques uns de la cuisine italienne, la nouvelle génération, implantée en France depuis une dizaine d’années. Il y a aussi des cavistes, des épiceries. Lorsque j’ai commencé en 2011, les Français n’étaient pas intéressés par le vin italien. Ce que les restaurants français apprécient dans les vins italiens c’est la diversité qu’ils apportent, qu’ils peuvent proposer à leurs clients, la découverte d’un goût qu’ils ne connaissent pas, qu’ils n’ont pas avec des vins de France. La plupart des vignerons avec lesquels je travaille vinifient avec des cépages locaux mais certains comme Matteo (domaine Piana dei Castelli) de la région de Rome utilisent aussi des cépages bien connus en France comme le Merlot, la Syrah, le Cabernet, mais le résultat est autre, car le terroir, le climat, le sol, sa façon de travailler sont différents.

Pourquoi le livre ?

Le livre est né de mon plaisir de partager. J’avais commencé à écrire des textes de présentation des régions des vins italiens pour mes clients. Lors de la rencontre avec mon éditeur il y a 2 ans, les vins italiens commençaient à avoir le vent en poupe et il n’y avait encore rien sur le sujet. Il a lu ce que j’avais écrit mais c’était trop technique alors j’ai proposé d’ajouter des portraits de vignerons. Je ne voulais pas faire un chapitre sur la biodynamie ou les vins naturels mais on trouve des portraits de vignerons qui travaillent dans cette démarche. Des éléments étudiés pour préparer mon diplôme universitaire en œnologie m’ont servi pour alimenter le livre.

La culture du vin en Italie ?

Il me semble qu’en France il est facile de se reconvertir en tant que vigneron, contrairement à l’Italie où il faut être fils et petit-fils de vigneron. C’est un premier obstacle à la production de vin nature auquel s’ajoutent des contraintes administratives énormes pour mener son exploitation en dehors de la tradition. Ensuite, il est difficile à vendre en Italie. Si on cherche un caviste à Rome avec l’application Raisin dédiée au vin naturel, on n’en trouve qu’une quinzaine alors que c’est 10 fois plus grand que Paris où 200-300 sont répertoriées. La Vénétie est la région qui a le plus de caves et de bistrots dédiés au vin naturel. Lorsque je vivais à Rome, les caves les plus proches qui en proposaient étaient à 800 m et 1 kilomètre de chez moi. Les Parisiens ont aussi plus globalement la culture du vin, ils toujours une bouteille à la main à apporter quand ils sortent chez des amis, alors qu’en Italie, on apporte le dessert.

Le vin italien en France ?

Cela fait 3 ans au plus qu’il y a un réel intérêt en France pour le vin italien. Qui sait combien de temps cela durera ? Il apparaît que les consommateurs commencent à connaître le vin et les régions d’Italie, surtout celles du nord ou les îles mais les Abruzzes par exemple c’est un peu plus compliqué… Ils identifient le Piémont et le Barolo, les vins de Vénétie, d’Emilie-Romagne, un peu du Frioul grâce à des vignerons comme Gravner avec un intérêt pour les vins « oranges. Je crois aussi que le goût français a évolué. La place prise par le vin nature français depuis environ 5 ans a ouvert la voie au vin moderne italien. L’attrait pour le vin nature a aussi évolué grâce à des vignerons qui produisent des vins nets, fins, avec 0 défaut. Aujourd’hui on s’intéresse plus à des vignerons qu’à des appellations ou des terroirs.

Demain ?

Je ne suis pas un expert en vin, je me définis comme hédoniste et je revendique d’apprécier le déguster. Je vais continuer à rechercher des vins et des vignerons qu’on ne rencontre pas sur les grands salons, qui sont dans des zones géographiques reculées, méconnues pour partager le plaisir de ces découvertes avec mes clients : la Basilicate est une région mal identifiée, le Latium regorge de vins et de nouvelles trouvailles à faire…

 

Propos recueillis par Carole Gayet

Dans la même catégorie

Vous serez également intéressé par :

Les services France Pizza

Je m'abonne à la newsletter pour recevoir chaque mois les dernières informations du marché de la pizza et de la restauration italienne