DERNIER NUMERO
RETROUVEZ FRANCE PIZZA SUR
Cibo régale la rue de ses décors gourmands
Le 6 Janvier 2018

Cibo régale la rue de ses décors gourmands

L’artiste italien Pier Paolo Spinazzè, dit Cibo (qui signifie nourriture en italien) dont l’œuvre consiste à réaliser des fresques murales sur le thème de la nourriture, a été révélé aux Parisiens dans le cadre de la semaine de la cuisine italienne dans le monde qui s’est déroulée fin novembre. A cette occasion, il a réalisé une fresque murale dans une école et participé à une conférence sur le thème « Image et langage de la gastronomie italienne ». Au-delà de l’apparente légèreté de son œuvre, il exprime les valeurs auxquelles il est attaché et transmet des messages engagés.

Comment devient-on artiste en art de rue et pourquoi le thème de la nourriture ?

J’ai étudié le dessin industriel mais dessiner sur les murs ne s’enseigne pas, c’est quelque chose qu’il faut aimer faire et qu’on découvre par soi-même. Il y a maintenant 20 ans que je pratique ce type de dessin, d’abord au hasard des rues, occasionnellement, par amusement puis depuis 2 ans, c’est devenu un vrai projet conséquent qui m’occupe au quotidien. Nous vivons pour manger ! La nourriture est territoire, tradition. Elle est facilement « lisible » dans la rue et me permet de communiquer rapidement avec ironie. L’art de rue est ici et maintenant. Sur un mur face à un champ d’asperges, au printemps, je vais dessiner des œufs et des asperges. Autre exemple : le fromage Monte veronese d'allevo, il ne peut être représenté qu’en Lessinia, la zone où il est fabriqué. Pas besoin d’être sophistiqué, il suffit d’être pertinent. Un œil attentif peut s’attarder sur des détails et approfondir au-delà de la vision d’ensemble. Les interprétations peuvent alors être multiples, chacun trouve ce qu’il veut.

Votre inspiration et vos dernières réalisations insolites ?

Je crois que pratiquer un art public implique un engagement civique. Je cherche à « faire propre », je fais disparaître les messages de haine et les dégradations des murs. On m’avait signalé une inscription avec une croix gammée que j’ai « rectifiées » par un dessin de muffins. Beaucoup participent au bien-être de la communauté avec des œuvres de volontariat, c’est juste que ma façon à moi de le faire est plus colorée et plus voyante. L’initiative me revient parfois, ou souvent elle m’est suggérée. Dans ce cas je cherche toujours à me rapprocher des institutions qui m’encouragent. Avant j’œuvrais de nuit, maintenant en plein jour et les passants sont enthousiastes. Parmi mes derniers projets, j’ai décoré une vieille voiture décatie utilisée pour la livraison de pizzas pour lequel j’ai été payé en pizza ! J’ai aussi réalisé une fresque pour une pizzeria qui a un four à bois, bon point de départ pour raconter une histoire.

Votre point de vue sur la cuisine italienne ?

Avec le temps la culture culinaire a évolué, elle s’est structurée. C’est encore une  cuisine traditionnelle, celle de la mamma, mais nous avons su valoriser nos savoir-faire pour la faire apprécier dans le monde entier. Je pense que le made in italy est important comme régime alimentaire sain, mais il est surtout une invitation à venir en Italie pour découvrir ce qu’il y a derrière un aliment, sa vraie saveur. Les jumelages en cuisine avec les cousins français ont toujours été fructueux, car chacun a à apprendre et à mieux goûter la cuisine de l’autre. En Italie malgré une attention accrue, nous perdons des saveurs, aplaties par une globalisation peut-être trop invasive. Mes dessins soulignent la richesse et l’attractivité de notre patrimoine culinaire.

Parlez-nous de cette fresque réalisée dans cette école à Paris

L’œuvre a été conçue en collaboration avec l’école et les institutions car ça les intéressait de communiquer sur les thèmes fondamentaux représentés : il y a les 5 couleurs des fruits nécessaires à un régime équilibré, et le récit de la préparation d’un gâteau. En racontant la recette, j’ai mis l’accent sur autant de souvenirs que peut en contenir une part de tarte. Il y a un livre de recettes de famille abîmé, passé des mains de la grand-mère à celles de la mère puis de la fille, avec des annotations, des notes sur des papiers volants, la représentation d’une photo ancienne de mes grands-parents quand ils ont immigré en Suisse… Le drapeau italien et le drapeau français apparaissent sur la tranche du livre. Le dessin va de la préparation avec de bons ingrédients au résultat final, la tarte aux fruits. J’ai peint un trèfle à 4 feuilles car si la pâtisserie est une science exacte, un peu de chance n’est jamais de trop pour réussir une recette ! J’ai tenu à conserver le dessin d’une sirène, vestige de la fresque précédente, réalisée en 1987 par une enseignante toujours présente avec ses élèves de l’époque. Il faut apprendre aux enfants à respecter la mémoire. Ils ont très bien compris.

 

 

Propos recueillis par Carole Gayet

Dans la même catégorie

Vous serez également intéressé par :

Les services France Pizza

Je m'abonne à la newsletter pour recevoir chaque mois les dernières informations du marché de la pizza et de la restauration italienne